Des monts relativement hauts ceinturaient Delphes.
Oreste, revêtu d'une chiton blanche, se trouvait sur une de ces éminences et contemplait, dans la direction du sud, l'horizon.
En contre-bas, il distinguait une étendue vallonée et fleurie, traversée de part en part par un cours d'eau.
Au loin, vaguement, apparaîsait le bleu sombre du Golfe de Corinthe.
A gauche, en hauteur, un aigle entra subitement dans son champ de vision.
La pensée suivante, accompagnée d'un soupir déchirant, surgit dans son esprit.
* Mycènes, quand te retrouverai-je enfin? l'oracle de la Pythie m'accordera-t-il l'espoir de te revoir un jour? ...je ne puis reculer, je dois apprendre le sens de ma destinée, et cependant je pressens un danger, un fatal danger... mais, les Mycéniens doivent-ils continuer à trembler sous la tyrannie d'Egisthe, mon oncle? *
...
Un messager, cassant le fil de ses pensées, arriva à ses côtés et lui rendit compte de se qu'il avait appris: Electre, sa soeur, se trouvait actuellement à Thèbes pour quelques jours et elle souhaitait ardemment qu'Oreste vienne la retrouver (ils ne s'étaient vus depuis des années, depuis leur séparation).
Oreste, après avoir arraché quelques feuilles de lauriers, se dirigea vers la ville, en quête d'un cheval.
Il espérait revoir sa soeur, et cette seule pensée avait aussitôt éclipsé toutes les autres.